TEXTS FOR NOTHING

TEXTS FOR NOTHING
Kristof Vrancken / A Two Dogs Company
  • Texts for Nothing : the final monologue.

    Où irais-je, si je pouvais aller, que serais-je, si je pouvais être ?

    Qu’est-ce qu’un être humain dans un monde dépourvu de grands récits et de certitudes ? Le prix Nobel Samuel Beckett a décrit cette quête à nulle autre pareille dans Textes pour rien. Un personnage solitaire et isolé sonde au plus profonde de lui-même pour tenter de trouver une réponse aux interrogations les plus fondamentales : « Que je fais-je ici, qui suis-je ?” Beckett explore impitoyablement ces questions et n’élude aucun tabou.

    Kris Verdonck dirige Johan Leysen dans une interprétation unique de ce texte. Texts for Nothing est l’ultime monologue pour Leysen. Ses années d’expérience font de lui l’acteur idéal pour interpréter ce texte aujourd’hui. Ce tour de force de trois heures sera une expérience extraordinaire, qui plongera le public dans l’univers de pensées de Beckett.

    Les Texts for Nothing ont été écrits en prose et ne sont que rarement joués car obtenir la permission de le faire n’est pas une mince affaire. Il est donc exceptionnel de les voir sur scène. Quarante ans après la version iconique de Joseph Chaikin dans les années 1980, Kris Verdonck et Johan Leysen se risquent à imaginer la leur. Pour Leysen, ce monologue est, après plus de cinquante ans, le couronnement de sa riche carrière d’acteur. S’il est bien une personne qui peut faire revivre sur scène un Beckett aussi ardu que Texts for Nothing, c’est lui. Les somptueuses chimères et la recherche obstinée des mots justes pour décrire son existence, sont tout à fait à sa portée. Pour Kris Verdonck, tous les éléments sont réunis pour créer un décor spectaculaire: doubles, fantômes, paysages déserts, machines, objets... le monde désolé de Beckett s’accorde parfaitement avec l’univers mécanique de Verdonck.

    Doute et isolement

    Les Texts for Nothing incarnent un moment charnière dans l’œuvre de Beckett. Rédigés à l’aube des années cinquante, ils constituent la transition entre les récits longs et les textes courts dans l’œuvre de ce lauréat du prix Nobel. Après la Seconde Guerre mondiale, il ne restait plus grand-chose des grandes valeurs « immuables », qui ont été remplacées par le doute et l’incertitude. Aujourd’hui, avec la Doute et isolement Les Texts for Nothing incarnent un moment charnière dans l’œuvre de Beckett. Rédigés à l’aube des années cinquante, ils constituent la transition entre les récits longs et les textes courts dans l’œuvre de ce lauréat du prix Nobel. Après la Seconde Guerre mondiale, il ne restait plus grand-chose des grandes valeurs « immuables », qui ont été remplacées par le doute et l’incertitude. Aujourd’hui, avec la faillite de la vérité et la recherche fiévreuse d’identités, cette incertitude n’a fait que croître. Qu’est-ce que cela signifie encore d’être “humain” dans un monde globalisé et technologique ? Le personnage de Texts for Nothing peut être vu comme l’individu occidental désespéré, pris au piège et cherchant en vain des réponses.

    C’est par ailleurs également le texte du lockdown ultime : être seule avec ses pensées qui fusent dans toutes les directions, enfermée et sans la moindre notion de ce qui est en train de se passer. Pour comprendre la solitude et la lutte intime générées par une quarantaine d’un mois, il faut lire Beckett. Les Texts for Nothing se tiennent en équilibre, au bord de la disparition, entre la lumière et l’obscurité, la parole et le silence, le mouvement et l’immobilité, entre la vie et la mort, entre la recherche et la libération d’un récit. Malgré, ou simplement à cause de cet entremêlement, ces textes sont truffés de phrases merveilleuses, de poésie fulgurante, d’autodérision amusante et de souvenirs touchants. Ils témoignent surtout d’une volonté de continuer, même lorsque cela semble impossible : cette volonté et cet enchevêtrement d’émotions font de cette soirée un moment intense.

    Des voix et des images

    Pour donner forme à cette solitude et aux différentes voix intérieures qui expriment tous ces doutes, Kris Verdonck élabore une scénographie extraordinaire. Avec des voix off, des projections vidéo, des hologrammes et des machines, il crée un environnement dans lequel Leysen peut disparaître et réapparaître, se dédoubler et entrer en dialogue avec lui-même, ou, comme le public, écouter cette voix profonde et pénétrante.

    Dans ACT (2020), Kris Verdonck et Johan Leysen avaient déjà travaillé avec des fragments de Texts for Nothing. Ce spectacle a été apprécié par le public et la presse et a été sélectionné pour le Theaterfestival en Flandre et aux Pays-Bas.

    Il était écrit dans les étoiles que la combinaison de Samuel Beckett , Kris Verdonck et Johan Leysen donnerait lieu à quelque chose de beau. Une heure durant, vous êtes suspendu·es aux lèvres d’un homme qui s’empêtre désespérément dans sa tentative de se définir et de définir le monde qui l’entoure.
    Extrait du rapport du jury du Theaterfestival 2020

Crédits

Concept/mise en scène : Kris Verdonck
Dramaturgie : Kristof van Baarle
Performeur : Johan Leysen
Costume : Eefje Wijnings
Production : A Two Dogs Company
Co-production : NTGent
Technical production : Oliver Houttekiet
Technique : Geert De Rodder, Raf Willems
Avec le soutien de : Les autorités flamandes, la Commission de la communauté flamande