K, A SOCIETY

K, A SOCIETY
FRIEZE - Luc Schaltin

Agenda

23.06.11 26.06.11
26.02.11 27.02.11
10.11.10
10.09.10 12.09.10
14.07.10 17.07.10
  • Info
  • Presse
  • Dans un site déterminé (ou plusieurs sites) le ‘spectacle parcours’ intitulé K, a Society (2010) réunit une dizaine d'installations : séquences filmées, objets, ‘situations’. Le seul personnage vivant est un guide qui dirige le public d'un lieu à l'autre.
    Les 10 installations sont BEETLE, FRIEZE, GOSSIP, MONSTER, MOUSE, PELLET, PRESYNCOPE, SYNCOPE, SHELL, THEY.

    K, a society présente des facettes d'une société très similaire à la nôtre ; la série d'images ‘traduit’, grossit ou rend perceptible des tendances présentes dans notre monde. Ce sont des ‘imag(inair)es’ de personnages réels qui nous sont familiers, mais les figures évoquées se situent aussi dans le prolongement des protagonistes peuplant les œuvres plus anciennes de Kris Verdonck. 

    Le titre K, a society fait référence à l'œuvre de l'auteur pragois Franz Kafka, principale source d'inspiration lors de la conception du spectacle. Cela ne signifie nullement que les récits ou personnages de Kafka sont racontés ou montrés littéralement. Pour Kafka, ce n'était pas non plus le but. À travers la lecture répétée de ses textes et un long travail d'analyse, il devient clair que l'univers de l'auteur est une forteresse close et imprenable, que Kafka donne à voir un processus sans issue fondée sur la logique implacable du cauchemar. Pour K, a society, l'artiste est plutôt parti en quête du « souffle » de l'œuvre de Kafka, de l'univers et de la société qui surgissent de ses textes : un système oppressant où rien ne peut être prouvé, où rien n'est véridique ni vrai. Une société où l'homme est toujours laissé dans l'incertitude sur ce qui va se passer. Une société comme un mauvais rêve dont on ne sait pas quand, comment, voire si l'on va s'en réveiller. Le cinéma expressionniste allemand, avec ses personnages longeant les murs, leurs ombres allongées et leurs grimaces accentuées, constitue la deuxième source d’inspiration du spectacle. 
    Le caractère ‘aliéné’ du monde où nous vivons, les tensions entre l'homme et la machine, entre l'être vivant et la marionnette/la matière morte étaient déjà présentes en filigrane dans les entreprises précédentes de Kris Verdonck, par exemple dans les spectacles I/II/III/IIII et END ou dans les (ensembles d') installations IN, DANCER #1, ACTOR #1. K, a Society prolonge ce fil conducteur et le développe, le multiplie, l'enchevêtre…

    K, A SOCIETY

    "Oh, beaucoup d'espoir, une quantité infinie d'espoir, mais pas pour nous." 
    Franz Kafka

    1.
    Le projet « K, a society » de l'homme de théâtre et plasticien Kris Verdonck est une collection de dix « images » réunies dans un parcours. Chacune de ces images peut être décrite comme une « installation » ; en réalité, il s'agit pour la plupart de projections. Un guide emmène le public d'une image à l'autre.
    Dans le spectacle de théâtre « End », créé en 2008, Kris Verdonck présentait l'état final possible d'un monde / de notre monde : dix figures (êtres humains, machines ou croisements des deux) y erraient dans un paysage apocalyptique. Dans « K, a society », Verdonck examine la société, les rapports entre les individus, leur façon d'organiser la cohabitation.

    « K, a society » présente des facettes d'une société qui ressemble beaucoup à la nôtre ; à travers une série d'images, des tendances perceptibles dans notre univers sont « traduites », grossies ou amenées à la surface. Ce sont des « image-inations » de personnages que nous reconnaissons pour les côtoyer dans la réalité. Par ailleurs, ces personnages sont liés aux figures peuplant les spectacles précédents de Verdonck.

    L'œuvre de l'auteur praguois Franz Kafka (1883-1924) a servi de point de départ lors de la création de « K, a society ». L'auteur s'est également inspiré d'images du cinéma expressionniste allemand, avec ses silhouettes rasant les murs, aux ombres étirées et aux grimaces exagérées, de « Das weisse Band » du cinéaste autrichien Michael Hanecke, d'informations à propos de la société rwandaise et d'expériences à cet égard, de la structure mythique du labyrinthe, etc.

    2.
    On associe le plus souvent Kafka à l'image du dédale bureaucratique. L'univers qu'il crée est un cauchemar régi par une logique implacable ; ses personnages y rôdent sans trouver d'issue et, surtout, sans comprendre pourquoi les choses sont telles qu'elles sont.

    Ce que Kafka inflige à ses personnages, il l'impose aussi à ses lecteurs ; il les laisse patienter sans fin à la porte, mais entrer ne leur est pas/jamais permis. Son œuvre rappelle un mur circulaire, une ellipse inaccessible. Pour y comprendre quelque chose, il faut s'en éloigner. C'est en y retournant ensuite et en la contemplant de nouveau, que l'on constate que l'image/le mur a changé.
    À chaque fois : s'éloigner, retourner, regarder de nouveau, s'éloigner, etc.

    Voilà le mouvement que Kafka a exigé de nous lors du processus de création de « K, a society ». Chaque image semble déterminée, immuable, mais quand le lecteur se déplace, l'image subit une transformation, une métamorphose, une déformation. Dans l'œuvre de Kafka, il ne s'agit pas tant de récits ou de personnages, mais de la puissance de la déformation, du souffle de la métamorphose et aussi d'humour.

    3.
    L'univers de « K, a society » est peuplé d'êtres humains, d'animaux et d'objets. Les enfants en sont absents. Les individus sont solitaires, même quand ils ne sont pas seuls. Ils attendent, parlent, chantent, passent le temps, ont renoncé. Les objets sont remplis d'énergie : vont-ils réussir ? Les animaux bougent, rient, se battent, meurent. Peut-être sont-ils « parmi toutes les créatures de Kafka, celles qui sont les mieux aptes à la réflexion » (Walter Benjamin).
    Le spectateur se voit présenter des images dans lesquelles il pourrait vivre, mais sans s'y sentir à l'aise : elles sont figées ou agrandies, ralenties, déformées, étirées dans le temps et dans l'espace…

    Il doit d'ailleurs occuper plusieurs positions : le spectateur est à la fois un « je », un « tu » et un « il » ; il doit lever ou baisser les yeux pour regarder les images ; il doit attendre en leur compagnie ; il doit faire l'expérience de leur lenteur ou tout vivre en un clin d'œil. Ces points de vue changeants permettent aussi à l'humour de se manifester et de s'installer dans les images et leurs rapports mutuels.

    Texte : Marianne Van Kerkhoven

    K, A SOCIETY
    GOSSIP - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    MONSTER - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    GOSSIP - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    PRESYNCOPE - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    SHELL - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    THEY - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    THEY - Luc Schaltin
    K, A SOCIETY
    BEETLE - Ed Jansen
  • « Verdonck construit avec son K, a Society un univers multimédia respirant l'aliénation qui est tellement typique du monde littéraire de Kafka et qui se rencontre aussi de plus en plus souvent dans notre propre société. L'isolement social où se retrouvent nombre de gens, (paradoxalement) en raison de la surabondance de technologies de la communication, est le point de départ des différentes installations. Verdonck y oscille avec verve entre critique de la société, humour et esthétique impressionnante. Il se montre un manipulateur magistral de la caméra et des sources sonores et de lumière (allant du feu à l'électricité). […] La beauté des images est fascinante, tandis que leur teneur décontenance. Verdonck nous montre comment la technologisation peut mener à une falsification des émotions et des expériences. »
    Els van Steenberghe sur Knack.be, 21/07/2010

Crédits

Concept & mise en scèneKris Verdonck
Dramaturgie
Marianne Van Kerkhoven (Kaaitheater)
Avec: 
Tawny Andersen, Jonathan Burrows, Eurudike De Beul, Manah De Pauw, Hendrik De Smedt, Steve Dugardin, Alix Eynaudi, Thomas Hauert, Christoph Ragg, Jobst Schnibbe, Joeri Smet, Sylvain Spinoit, Wilfried Van den Brande, Damiaan Veens, Kris Verdonck, Mieke Versyp, actors and employees from Schauspiel Essen, a.o.
Camera et editing
Vincent Pinckaers
Création son: 
Thomas Turine, Chris Segers & Stef Alsenoy
Création lumière: 
Luc Schaltin (Kaaitheater)
Costumes
Schauspiel Essen, Sofie Durnez
Coordination technique: 
Colin Legras / Luc Schaltin (Kaaitheater)
Construction
Sylvain Spinoit & Steven Blum
Image processing
Massimiliano Simbula
Pyro techniques
Jean-François Pierlot, Ralf Brunner
Chargé de production
Hendrik De Smedt
Assistante de production: 
Karolien De Bleser
Administratrice
Han De Meulemeester
Coproduction
Theater der Welt 2010 (DE), Transdigital (Interreg), Kunstencentrum Vooruit (BE), Productiehuis Rotterdam / Rotterdamse Schouwburg (NL), Kaaitheater (BE)
En cooperation de: 
Schauspiel Essen (DE), Le manège.mons (BE) et Technocité (BE) dans le cadre de Transdigital
Avec le soutien de
les autorités flamandes, la Commission de la communauté flamande, la Région Bruxelles-Capitale
Remerciements à: 
Dirk Baert, Dries Leerschool, I-Movix, Marc Leunens, Heidi Janssens, RVP, Linde Besard, Tom Schoute et sa famille, Marie-Jeanne Wyckmans, FM Brussel et EhB/Rits dep. Radio

Aucun animal n’a été blessé durant la création de cette production.