EXTRACTIONS 23

EXTRACTIONS 23
Sabrina Ratté - OBJETS-MONDE I, 2022

Agenda

02.09.23 17.09.23
  • EXTRACTIONS 23 est une exposition qui réunit différents artistes travaillant sur l’exploitation et les paysages. L’association d’installations, de supports nouveaux et mixtes, de photographies, de peintures, de dessins, de sculptures, de performances et de musique brosse une image de l’humanité qui semble n’avoir d’autre choix que d’exploiter son environnement. L’exploitation n’est pas uniquement synonyme de destruction, du moins pas tout de suite. Elle peut également se rapporter à la cultivation, c’est-à-dire la mise à disposition de terres pour l’agriculture. Cela dit, aujourd’hui, l’exploitation s’est transformée en consommation, un processus destructeur qui fait des ravages au niveau micro et macro, de nos pensées intimes aux strates de la planète. EXTRACTIONS 23 est la troisième édition de cette exposition annuelle organisée par Kris Verdonck / A Two Dogs Company, et se déroule dans l’atelier de la compagnie.

    EXTRACTIONS 23
    2 - 17 septembre 2023
    samedi & dimanche
    
14:00 - 18:00

    A Two Dogs Company 

    Rue Adolphe Lavallée 41
    
1080 Molenbeek (B)

    PHOTOGRAPHIES, SCULPTURES, PEINTURES, INSTALLATIONS & PERFORMANCES
    Stephan Balleux
    Noemi Iglesias Barrios
    Judith Nangala Crispin
    Frederic Fourdinier
    Hermann Nitsch
    Sabrina Ratté
    Kris Verdonck
    Maxime Denuc
    Lucas Messler
    Anita Cappuccinelli
    Gert Aertsen

    PERFORMANCES
    2 - 3 September 2023 - ongoing
    Kris Verdonck - ACT

    9 September 2023 - ongoing
    Kris Verdonck - DANCER #1

    10 September 2023 - ongoing
    Kris Verdonck - DANCER #2

    16 September 2023 - ongoing
    Kris Verdonck - BRASS #2 (musical composition by Maxime Denuc)

    17 September 2023 - 14:00
    - Lucas Messler & Anita Cappuccinelli
    TUNE, Mario Bertoncini 1965
    PERTURBANCE, Alessandro Perini
    - Lucas Messler
    Une naissance, n’importe quoi, ou quelque chose comme ça..., Benoit Montambault 2013
    - Gert Aertsen
    On to somewhere near
    - Improvisation

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    EXTRACTIONS 23

    Un équilibre trompeur

    Dans un essai sur la relation entre les médias et l’écologie, le philosophe des médias Jussi Parikka parle des effets secondaires obscènes des nouveaux médias et des technologies intelligentes numériques. Le plus souvent alimentés par des batteries, ces appareils fonctionnent grâce à des métaux appelés « terres rares » comme le cobalt et le néodyme. L’exploitation minière nécessaire pour les extraire est à l’origine de guerres, de conflits géopolitiques, mais aussi d’une immense pollution. C’est ce qui rend ces matières si « rares »: les processus d’extraction et de purification réclament énormément d’énergie et polluent les sols. Les terres rares servent entre autres à fabriquer les voitures électriques et les panneaux solaires qui nous sont vendus comme des « technologies vertes ». Leur mise en œuvre est donc nettement moins innocente qu’il n’y paraît. Les Technoceramics de Noemi Iglesias Barrios donnent forme à ces « déchets technologiques », aux fossiles de la société numérique. Elle crée des sculptures en céramique à partir des déchets résiduels de l’extraction du cobalt, dans ce même bleu de cobalt si couramment utilisé dans les arts plastiques.

    La saleté et la mort

    L’esthétique lisse et aseptisée de ces sculptures – mais aussi des smartphones, des ordinateurs portables et des voitures électriques – dissimule une dure réalité physique. Les photographies de l’artiste australienne Judith Nangala Crispin sont des impressions sur papier d’animaux morts. Ces « tirages sur verre Lumachrome » d’animaux laissés le long de la route après avoir été percutés (« roadkill ») – sont le résultat d’un processus photographique naturel. Les animaux, la boue, le sang et d’autres fluides sont posés sur le papier dans un mélange de liquides, puis placés sous une cloche en verre. Grâce aux rayons du soleil qui traversent le verre, ces dépouilles laissent une empreinte sur le papier photo. Pour Crispin, ces tirages Lumachrome sont une collaboration avec le pays, une manière de donner forme aux perturbations que les colons ont apportées et continuent d’apporter. Ses titres soulignent la force poétique du procédé : Anthony over Henry’s Country, where the possum-men armies fought and were buried by pythons, beside speartrees, on the edge of a dry waterhole, pour la photo d’un opossum tué sur la route et Ben sometimes felt he carried his artist girlfriend a lot, but she painted him stars while he slept, pour celle d’une pie tuée dans les mêmes circonstances. 

    Cette approche viscérale se poursuit dans le travail du performeur autrichien Hermann Nitsch. Ses performances utilisant du sang, de la peinture et des organes cherchaient à se connecter à des pratiques rituelles anciennes, mais étaient aussi une réaction à la violence contemporaine du monde. Comme les sculptures d’Iglesias Barrios et les photographies de Crispin, l’Aktionsrelikt (1988) présenté dans cette exposition est un résidu, un autre type d’extrait, d’un processus rituel et physique lié au 80.Aktion de Nitsch dans son Théâtre des Orgies et des Mystères.

    Stephan Balleux a créé Nomad spécialement pour EXTRACTIONS 23, une nouvelle œuvre qui entre en résonance avec le travail charnel de Crispin et de Nitsch. Cette grande toile est tendue comme une peau mise à sécher. La composition visuelle se situe à mi-chemin du mouvement pictural et numérique. Au centre d’une mer sauvage et obscure de coups de pinceaux et de couleurs, le message est sans équivoque : « migrants welcome, tourists fuck off ». Il est de nouveau question d’extraction, car l’exploitation minière, la déforestation et l’exploitation des mers et des océans ont pour conséquences directes et indirectes de rendre certaines régions invivables, ce qui entraîne des déplacements de population. Les guerres climatiques contraignent les gens à fuir, souvent au péril de leur vie. La mer devient un cimetière pour certains, tandis que d’autres la regardent du ponton d’un bateau de croisière.

    Pour beaucoup, la mer est aussi une source de revenus et de subsistance. Elle revêt dès lors une place importante d’un point de vue culturel. Du pétrole a été découvert récemment dans le delta du Niger, au Nigeria. Les forages pétroliers y polluent l’eau et détruisent la région, malgré les protestations de la population locale Ijo. Le masque Ijo présenté dans cette exposition (prêté par l’artiste-conservateur Jos Humblet) a été réalisé pour honorer les esprits de l’eau. Il avait probablement une fonction pendant les funérailles ou les processions. Dans le cadre de cette exposition, il témoigne non seulement du savoir-faire et des pratiques des créateurs, mais aussi d’un contexte environnemental et culturel sous pression.

    Entre passé et avenir

    L’installation Terraformation de Frédéric Fourdinier présente de manière clinique et muséale les grandes machines industrielles qui servent à travailler la terre et le paysage. Fourdinier a recréé cette infrastructure sous forme de maquettes en carton en prêtant une attention minutieuse aux détails, puis les a placées sous plexiglas. Ces maquettes évoquent à la fois une admiration pour la technologie moderne et un avenir dans lequel ces machines seront définitivement « hors d’usage ». Si nous les considérons plutôt comme des pièces de musée, l’installation est effectivement une archéologie de l’exploitation, une rétrospective de la manière dont l’homme moderne a rendu le monde impossible à cause de l’industrie agricole et minière. Quand bien même nous mettrions fin à l’exploitation minière, nous en subirions les conséquences encore longtemps. Ou bien ces maquettes sont-elles prêtes à être expédiées dans une colonie sur une autre planète ? L’installation Objets-Monde de Sabrina Ratté a également recours à une esthétique de science-fiction pour spéculer sur l’avenir de tous les déchets produits par les objets technologiques. Ce collage vidéo montre un paysage postapocalyptique composé de « supports zombies » : des écrans d’ordinateur, des voitures et des câbles mis au rebut. Pas l’ombre d’un humain ici, mais des ruines de ce qui a dû être un complexe architectural monumental d’appareils électroniques. Une espèce d’acropole de la technologie. L’impression d’ensemble est à la fois nostalgique et sinistre.

    Performances

    Les installations, photographies, sculptures et peintures forment conjointement un paysage dans lequel d’autres performances ont lieu chaque week-end. Ces performances abordent la question de l’exploitation de la même manière que les œuvres plastiques : dans la tension créée entre la violence et l’absence, avec une attention soutenue pour la matérialité. Maxime Denuc a créé une nouvelle composition pour BRASS de Kris Verdonck, une installation performative composée de trois sousaphones automatisés. Verdonck lui-même présente DANCER#1 et DANCER#2, des performances respectivement assurées par une meule et un grand L en acier qui « danse » son chant du cygne et par un moteur V6 Alfa Romeo qui ne cesse de s’enflammer. L’installation ACT est elle aussi un extrait de la performance éponyme de Verdonck. La voix de Johan Leysen donne vie aux Textes pour rien XIII de Samuel Beckett, dans une scénographie conçue à cet effet. Le langage devient objet et cri, dans une recherche incessante d’une porte de sortie des limbes, où la pensée et la vie, le « moi » et le monde, ne veulent tout simplement pas coïncider. L’exposition s’achève par une série de performances musicales. Lucas Messler et Anita Cappuccinelli, du collectif bruxellois TUUM, explorent les possibilités mélodiques, rythmiques et électroacoustiques d’instruments de percussion tels que les cymbales. Les gestes des musiciens sont également une source de son, de résonance et d’écho. L’artiste multimédia Gert Aertsen a créé une installation composée de tiges d’aluminium qui, grâce à un enduit et un traitement spécifiques, deviennent un nouveau type d’instrument. Les ondes sinusoïdales produites par l’activation de l’installation étirent en quelque sorte la ligne des tiges à travers la pièce. L’attention portée aux détails, à la matérialité des instruments et des sons entre en résonance avec la subtilité des autres œuvres d’EXTRACTIONS 23. L’attention s’oppose ainsi à l’exploitation, la création à la destruction. Kristof van Baarle

    Programme
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Crédits

PHOTOGRAPHIES, SCULPTURES, PEINTURES, INSTALLATIONS & PERFORMANCES
Stephan Balleux
Noemi Iglesias Barrios
Judith Nangala Crispin
Frederic Fourdinier
Hermann Nitsch
Sabrina Ratté
Kris Verdonck
Maxime Denuc
Lucas Messler
Anita Cappuccinelli
Gert Aertsen

Avec le soutien de :
La Communauté flamande, La Commission de la communauté flamande, Fédération Wallonie-Bruxelles