Pour aider les jeunes artistes (de scène) à développer les aspects techniques de leur travail, A Two Dogs Company propose chaque année un certain nombre de résidences. L'objectif est de combiner le développement d'éléments techniques (machines, installations lumineuses, son, projection, etc.) avec des discussions sur le contenu dramaturgique. Nous fournissons le matériel, les machines et l'espace nécessaire dans le studio, et proposons une guidance si nécessaire.
Chaque résidence a une durée d'un an. Les développements techniques ne peuvent pas être facilement limités dans le temps, comme lors d'une résidence "normale". Un élément technique est fabriqué et testé, puis l'artiste retourne généralement à sa table de dessin, apporte des modifications, effectue à nouveau des tests, etc. jusqu'à ce qu'un prototype soit finalement créé. Ensuite, une autre version "plug-and-play" doit être réalisée, et ainsi de suite. En étant en mesure de travailler avec des tests et des applications techniques dès le début du processus de création, l’aspect technique peut être intégrée de manière plus substantielle dans le spectacle, l'installation ou la chorégraphie.
Les résidences s'adressent à de jeunes artistes ainsi qu’à des artistes en milieu de carrière pour qui ce soutien représente une opportunité d'appréhender de manière plus substantielle et plus efficace les nouveaux médias et technologies. Chaque année, nous lançons un appel et nos "partenaires de résidence", workspacebrussels, KWP - Kunstenwerkplaats, Grand Theatre Groningen et Bâtard festival, font également venir des artistes.
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Hanako Hayakawa est une danseuse et créatrice de danse japonaise basée à Berlin, Bruxelles et Tokyo. Elle est diplômée du cycle de formation P.A.R.T.S., un programme d'enseignement de la danse contemporaine d'une durée de trois ans à Bruxelles. Avant cela, elle a étudié à l'Université d'art de Tama où elle s'est spécialisée dans les arts du spectacle sous la direction de Saburo Teshigawara.
Elle travaille avec des artistes internationaux, principalement d'Europe et d'Asie, tels que Tino Sehgal, Miet Warlop, Leiko Ikemura, Benjamin Abel Meirhaeghe, Emmilou Rößling, Michiel Vandevelde, Nikima Jagudajev, Simon Van Schuylenbergh, Norbert Pape. Hanako assume différents rôles en tant que chorégraphe, danseuse et interprète.
Son travail chorégraphique est une extension de sa pratique de la danse et est construit sur une combinaison de ses expériences en tant que danseuse, interprète et médiatrice.
En 2021, elle crée la pièce de danse "Dragging" avec Osamu Shikichi, soutenue par le Centre National de la Danse Pantin et Tokyo Arts and Space et créée à TOKAS Hongo. En 2022, elle a été sélectionnée pour l'appel ouvert "made in Berlin" qui est un programme de résidence de recherche d'un mois au Lake studio Berlin. Elle a reçu une bourse de #takeHeart pour sa recherche "Killing scores" 2023 où elle a étendu sa recherche au sein du programme de résidence du Toyoka Theatre Festival (2023), Dance Base Yokohama et A TWO DOGS COMPANY à Bruxelles.
"Lurker" sera un solo de danse inspiré par l'expérience du théâtre Noh. Plus précisément, l'étirement du sens du temps, l'espacement et le repos comme moyen de contempler. On pourrait comparer cela à des modes d'intimité dans un sauna ou à une scène de postquête dans un jeu en ligne. Vous n'interagissez pas nécessairement les uns avec les autres, mais vous engagez une présence alors que votre corps est confortablement estompé. Un "lurker" est quelqu'un qui est présent dans une salle de discussion mais qui ne participe pas à l'acte, se cachant de manière ludique dans l'ombre et permettant à l'ambiguïté de se produire. L'art comme forme de camouflage. Une forme de relation avec notre environnement de telle sorte que nous disparaissons presque dans l'acte.
"Pour cette résidence, j'aimerais imaginer et développer des objets/corps sur scène qui brouillent les frontières : les corps fantômes : l'état d'être déstabilisé mais présent/confiant en même temps, l'autonomisation en retournant la situation et en s'efforçant d'être confortablement déstabilisé. Pour commencer, j'aimerais étudier comment les objets peuvent avoir leur propre vie et se déplacer de manière autonome sur la scène. Je développerai le mouvement des objets flottants et des objets à la dérive. Trouver un corps pour être post subjectif, un solo comme un ensemble." - Hanako Hayakawa
Élévations est une installation sonore inspirée par la dub-techno, un style musical à la croisée de la techno minimale et du dub jamaïcain dont elle emprunte l’utilisation massive d’effets de delay . Selon le chercheur Alessio Kolioulis, l’effet de « suspension artificielle » produit par la dub-techno serait le signe d’une « nostalgie futuriste hybride ». En effet, par ses textures opaques, sa simplicité harmonique et ses micros variations de motifs, ce style musical parait exprimer au mieux la mélancolie de la fin de fête, le moment où les corps se délassent, quand le jour vient remplacer la nuit.
Ce projet souhaite mettre en scène cet espace-temps si particulier en opérant une translation formelle et poétique : ici, le matériau musical n’est plus produit par des sons synthétiques mais par les tuyaux d’un orgue, l’Organous. Cet instrument, construit par le facteur Léo Maurel, est équipé d’un dispositif spécifique qui offre la possibilité de contrôler l’intégralité de ses tuyaux via un ordinateur. À partir de programmes informatiques que je conçois moi-même, il peut produire des masses sonores complexes, des glissandi ultras rapides ou encore, recréer des effets de filtrage ou de delay. L’automatisation de l’instrument apporte une grande rigueur rythmique, qui répond à l’exigence de régularité́ imposée par les formes électroniques.
La spatialisation naturelle du son favorise l’immersion du public. En effet, l’Organous se déploie au travers de différents modules qui peuvent se positionner comme on le souhaite. Au centre de l’installation, les spectacteur·rice·s baignent dans un océan de sons provenant des quatre coins de l’espace, mais ils·elles peuvent aussi se déplacer et se rapprocher des tuyaux de l’instrument. De nouvelles qualités apparaissent alors : là où à distance, la musique se répand comme un halo sonore qui favorise l’écoute d’ensemble, cette nouvelle proximité́ permet de saisir l’intégralité́ de la palette sonore de l’instrument, renouvelant la façon d’appréhender la musique d’orgue qui s’écoute traditionnellement à distance.
Le travail scénographique qui sera réalisé par le plasticien et metteur en scène belge Kris Verdonck renforcera lui aussi la prise du·de la spectateur·rice. Renommé pour son travail immersif, il cherchera à traduire d’une façon poétique, l’ambiance des chill-outs – ces espaces annexes de la fête techno destinés au repos des danseur·se·s –, au travers de moyens spectaculaires. La lumière notamment, permettra de suggérer les éléments rythmiques absents de la partition musicale, produisant ainsi une métaphore sensible de l’esthétique de la techno.
En donnant à l’ordinateur le contrôle d’un instrument séculaire, en immergeant le public dans un environnement sonore hybride où se confondent acoustique et électronique, Élévations souhaite proposer une expérience musicale transversale et où se brouillent toutes les classifications.
Mustaf Ahmeti (né·e en 1995, iel/elle·lui) est un·e artiste de la performance né·e à Pristina, au Kosovo. En 2021, iel a obtenu son diplôme d'art dramatique dans le cadre du programme de maîtrise à la KASK, à Gand. Outre l'art dramatique, la pratique de Mustaf se décline également sous forme d'art visuel physique et abstrait, ainsi que de performance. En accordant une place centrale au corps en tant que champ de recherche, iel tente, par le biais de rituels, de questionner la relation entre l'humain et "l'étrange", la nature et la culture, la peur et le contrôle. Dans son travail, iel cherche à s’affranchir des idéologies, valeurs, normes et vérités réductrices afin nous (re)découvrir nous-mêmes - et par là-même, l’étrangeté.
(Un)conventional dialogue (titre provisoire) marquera le début d'une trajectoire artistique plus longue centrée sur le satyre mythologique. Dans la mythologie grecque, le satyre était un esprit de la nature doté d'un corps humain, mais aussi de sabots, d'une queue et de jambes similaires à celles d'un cheval. Les satyres étaient étroitement liés à Dionysos, le dieu du vin, de la luxure et de l'excès. Il s’agissait de créatures espiègles qui jouaient des tours aux humains et défiaient les dieux, et qui étaient surtout connues pour leur sexualité impétueuse.
Mustaf veut s’atteler au satyre afin de donner une forme artistique et sans filtre, à des sujets souvent ardus à aborder tels que la religion en relation avec les études queer et la politique du corps. Avec la figure du satyre, il cherchera une nouvelle perspective sur les tabous autour de l'Islam et de l'homosexualité, qui offre un espace pour les aborder et en discuter.
Mustaf apportera un point de vue altéré sur le satyre historique afin de développer une vision différente du zeitgeist contemporain. Dans (Un)conventional dialogue, la figure hybride du satyre est ramenée au présent en tant que cyborg contemporain entre le corps et la technologie, la nature et la culture, le privé et le public, la peur et le contrôle.
Il s'agit d'une œuvre transdisciplinaire à la croisée de l'art visuel et de la performance. Ahmeti incarnera lui·elle-même le satyre.
Hybride entre l'humain et la technologie, le cyborg est un être queer qui perturbe les frontières, les normes et autres dualismes depuis Cyborg, le manifeste de Donna Haraway. Les perspectives féministes du cyborg confèrent une centralité à sa matérialité et ses qualités incarnées, deux éléments qui sont également d’importance pour le satyre de Mustaf.
Dans cette performance, le cyborg est en même temps aussi une tentative de façonner la période intermédiaire spécifique dans laquelle se trouve actuellement l'humanité. Le processus de transformation, qu'il s'agisse de catastrophes climatiques, de crises économiques ou de bouleversements politiques, fait que l’humain demeure inachevé et qu'il se trouve entre une phase antérieure et une étape future.
Première le 7 octobre 2023 pendant Radiant Nights #9 au deSingel, Anvers
Artiste de performance : Mustaf Ahmeti
Son : Gizem Karaosmanoğlu aka KOO
Dramaturgie : Kristof van Baarle
Coproduction : deSingel, A Two Dogs Company
Avec le soutien de : la Communauté flamande
Remerciements à : Paul Contryn, marionnettiste