Selon le chercheur Alessio Kolioulis, l’effet de « suspension artificielle » produit par la dub-techno serait le signe d’une « nostalgie futuriste hybride ». En effet, par son esthétique brumeuse, sa simplicité harmonique et ses micros variations de motifs, ce style musical parait exprimer au mieux la mélancolie de la fin de la fête, quand les corps se délassent, au moment où le jour vient remplacer la nuit.
Élévations met en scène cet espace-temps particulier en opérant une translation formelle et poétique : ici, le matériau musical n’est plus produit par des sons synthétiques mais par les tuyaux d’un orgue. Cet instrument, réalisé spécialement pour cette installation, se présente comme une ligne de près de 8 mètres qui trône au milieu de l’espace scénique. Chacun de ses tuyaux peut être contrôlé individuellement, ce qui multiplie ses possibilités expressives : l’orgue peut tout autant produire des masses harmoniques complexes que des respirations fragiles. Faisant face à cette longue ligne, le public s’immerge dans un environnement sonore hybride où se confondent acoustique et électronique.
La scénographie consiste en 3 ampoules. Ce décor est un savant équilibre entre plusieurs éléments : high-tech et low-tech, obscurité profonde et lumière vive, lent et rapide, haut et bas. La scénographie est en parfaite harmonie avec l'instrument, un orgue classique contrôlé par un ordinateur.
Les machines remplacent les humains dans l'un des derniers endroits où l'on souhaiterait être irremplaçable, la musique acoustique. L'ensemble respire l'atmosphère d'une afterparty précoce et presque déserte, où les gens ne savent pas pourquoi ils sont encore là, où il n'y a aucune raison de rester, mais aucune raison de partir non plus.